Le changement c'est maintenant .... 2014 !
recherchaient une société humaine meilleure.
avec eux, nos voeux sincères :
Travailler à penser et non de penser à travailler....
Pour bien démarrer cette révolution annuelle, ce texte de Albert Joseph, plus connu sous le nom de Libertad, né à Bordeaux et qui date de 1906.
Ah ! Ah !
C’est le jour de l’an !
La voix
claire de l’enfant et la voix cassée du vieillard entonnent la même ballade :
la ballade des vœux et souhaits.
L’ouvrier à
son patron, le débiteur à son créancier, le locataire à son propriétaire disent
la ritournelle de la bonne et heureuse année. Le pauvre et la pauvresse s’en
vont par les rues chanter la complainte de la longue vie.
Ah ! Ah !
C’est le jour de l’an !
Il faut que
l’on rit ! Il faut que l’on se réjouisse. Que toutes les figures prennent un
air de fête. Que toutes les lèvres laissent échapper les meilleurs souhaits.
Que sur toutes les faces se dessine le rictus de la joie.
C’est le
jour du mensonge officiel, de l’hypocrisie sociale, de la charité pharisienne.
C’est le jour du vernis et du convenu.
Les faces
s’illuminent et les maisons s’éclairent ! Et l’estomac est noir et la maison
est vide. Tout est apparent, tout est façade, tout est leurre, tout est
tromperie ! La main qui vous accueille est un rictus ou une grimace. Le souhait
qui vous reçoit est un blasphème ou une moquerie.
Dans la
curée âpre des appétits, c’est l’armistice, c’est la trêve. Dans l’âpre curée
des batailles, c’est le jour de l’an.
On entend
l’écho qui répète la voix du canon et qui redit le sifflet de l’usine. La
mitrailleuse fume encore et encore ; la chaudière laisse échapper la vapeur.
L’ambulance regorge de blessés et l’hôpital refuse des malades. L’obus a ouvert
ce ventre et la machine à couper ce bras. Les crimes des mères, les pleurs des
enfants font retentir à nos oreilles l’affreuse mélodie de la douleur, toujours
la même.
Le drapeau
blanc flotte : c’est l’armistice, c’est la trêve, pour une heure et pour un
jour, les mains se tendent, les faces se sourient, les lèvres bégaient des mots
d’amitié : ricanements d’hypocrisie et de mensonges.
Bonne vie à
toi, propriétaire ? qui me jettera sur le pavé de la ville sans t’occuper du
froid ou de l’averse…
Bonne vie à
toi patron ? qui me diminua ces jours derniers, parce que faiblissait mon corps
après la dure maladie que je contractai à ton service…
Bonne vie,
bonne vie à tous ! « … » à vous tous
dont chacun des gestes, chacun des pas est un geste et un pas contre ma
liberté, contre mon individualité ?
Ah ! Ah !
bonne vie et bonne santé ?
Vous voulez
des vœux, en voilà : que crève le propriétaire qui détient la place où j’étends
mes membres et qui me vend l’air que je respire !
Que crève le
patron qui, de longues heures, fait passer la charrue de ses exigences sur le
champ de mon corps.
Que crèvent
ces loups âpres à la curée qui prélèvent la dîme sur mon coucher, mon repos,
mes besoins, trompant mon esprit et empoisonnant mon corps !
Que crèvent
les catalogués de tous sexes avec qui les désirs humains ne se satisfont que
contre promesses, fidélités, argent ou platitudes !
Que crève
l’officier qui commande le meurtre et le soldat qui lui obéit ; que crève le
député qui fait la loi et l’électeur qui fait le député !
Que crève le
riche qui s’accapare une si large part du butin social ! mais que crève surtout
l’imbécile qui prépare sa pâtée.
Ah ! Ah !
C’est le jour de l’an !
Regardez
autour de vous. Vous sentez plus vivant que jamais le mensonge social. Le plus
simple d’entre vous devine partout l’hypocrisie gluante des rapports sociaux.
Le faux apparaît à tout pas. Ce jour-là, c’est la répétition de tous les autres
jours de l’an. La vie actuelle n’est faite que de mensonge et de leurre. Les
hommes sont en perpétuelle bataille. « …. »
Pour que
nous puissions chanter la vie, un jour, en toute vérité, il faut, disons-le
bien hautement, laisser le convenu et faire un âpre souhait : que crève le
vieux monde avec son hypocrisie, sa morale, ses préjugés qui empoisonnent l’air
et empêchent de respirer. Que les hommes décident tout à coup de dire ce qu’ils
pensent.
Faisons un
jour de l’an où l’on ne se fera pas de vœux et de souhaits mensongers, mais où,
au contraire, on videra sa pensée à la face de tous.
Ce jour-là,
les hommes comprendront qu’il n’est véritablement pas possible de vivre dans
une pareille atmosphère de lutte et d’antagonismes.
Ils
chercheront à vivre d’autre façon. Ils voudront connaître les idées, les choses
et les hommes qui les empêchent de venir à plus de bonheur.
La propriété,
la patrie, les dieux, l’honneur courront risque d’être jetés à l’égout avec
ceux qui vivent de ces puanteurs. Et sera universel ce souhait qui semble si
méchant et qui est pourtant rempli de douceur : que crève le vieux monde !
Albert
Libertad
in
L’anarchie, 27 décembre 1906.
1 commentaire:
Anonyme a dit...
J's'rai pour Elysée
Surtout pas pour Joey
J'ai pas d'bréviaire
Et je dis Libère terre !
Air
7 janvier 2014 17:45
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