Ah ! Les Beaux jours
Nos élites à l’honneur
Encore une semaine à bachoter. On dit que des fuites massives ont endommagé les canalisations nano virtuelles. De petits tricheurs privilégiés savaient tout avant le début des épreuves. Va–t-on tout recommencer ? Dur, dur pour les candidats ministres.
Une sous ministre(1), chargée de la Jeunesse (sic) et candidate issue du lycée Papillon, a confondu l’appel du 18 juin 40 ( De Gaulle) avec le 8 juin 1944 date du débarquement allié en Normandie ; En outre elle répond , à l’oral de Bayeux, que le fameux débarquement, qu’elle situe en 1945 au lieu de 1944, avait pour objectif « la libération du continent américain », ignorant qu’il s’agissait de débarrasser l’Europe du joug nazi. Quant au nom de l’une des plages du débarquement anglo américain, elle parle d’ « Obama beach » au lieu d’Omaha beach. Le président des Etats Unis n’étant pas membre du jury du Bac, la candidate sous-ministre préposée à l’instruction de la jeunesse a peu de chances d’être reçue. Elle pourra appliquer efficacement les consignes de son ministre–chef, sur la nécessaire suppression, dans les programmes, du cours d’histoire
Un autre candidat ministre(2), chargé, lui, de l’Energie et du commerce international, questionné à l’oral sur la sécurité dans le domaine de l’énergie nucléaire, quitta la salle de classe en injuriant grossièrement (« FAITES CHIER…) le jury. Il avait déjà eu une note assez basse à l’écrit . L’épreuve de philosophie était centrée sur le « concept de Comportement » dans la politique et les affaires. Ses réponses peu convaincantes sur l’exercice de la « loyauté » dans ces deux domaines lui valurent une note où s’exprimaient les remontrances du jury.
Cette session 2011 du baccalauréat fut marquée également par une réclamation en bonne et due forme d’un candidat ancien ministre(3) de l’éducation recalé à la précédente session. Eliminé pour incapacité à fournir un travail personnel cohérent, son livret scolaire signalant sa paresse et son habitude de copier sur ses voisins, il transmit au jury une pétition de ses anciens condisciples, tendant à démontrer ses succès dans le travail collectif effectué avec eux. Chargé par la plus haute autorité de la République d’une lourde et très actuelle mission économique et sociologique consistant à élaborer une large « Analyse de la Société », ce groupe d’une vingtaine de pétitionnaires, composé, entre autres bons élèves, d’un amiral et d’une descendante de la famille royale des Bourbon, s’élevait contre le « populisme intellectuel » dont avait fait preuve le jury, en recalant leur mentor et compagnon de route pour « travail fictif ». Pour démontrer l’étendue et la portée de cette analyse sociale et bénévole, ces généreux avocats rappelèrent aux membres du jury la nature et l’efficacité de leurs travaux. Ainsi, dans leur tâche fondamentale d’analyse de notre Société, ils « argumentèrent sur l’homoparentalité et l’euthanasie ». Par ailleurs, déjà groupés en Comité(4), ils créèrent une commission spéciale intitulée, pour affirmer la générosité et l’avenir de leurs diagnostics, « Ambition Volontaire ». C’est ainsi que cette commission définit avec une maitrise « incontournable et plébiscité par les acteurs » quels devaient être le « rôle, les missions et la formation des sapeurs pompiers volontaires ». Comment, dans ces conditions, prétendre à la nature fictive d’une tâche aussi importante pour notre société et, parodiant un général, qualifier ce groupe de travail efficace, indispensable à la Nation et à la bonne conduite de la République, de « Comité Théodule » ? Ajoutons que les « comités Théodule » sont légion, dans notre République pleine de reconnaissance pour ses grands hommes. Deux jours après la pétition de la « Commission d’Analyse de la Société », un nouveau collectif s’exprimait dans la presse. Cette fois il s’agissait de diplomates aguerris se plaignant de la pauvreté désespérante de leur belle Maison du « Quai d’Orsay » devenue un vulgaire « château de sable ». et, de cette effondrement prévisible de leur pâlais, ils accusaient les « Théodule », seuls ou en comité. Sous le vocable « Groupe Marly »(4bis), ces obligés du (et au)devoir de réserve, ambassadeurs ,consuls et autres missionnaires de l’Hexagone, se manifestent. Réduits à la portion congrue depuis des années par le pouvoir régalien, c’est à dire abusif, de l’Elysée, ils écrivent : « …au même moment (où on leur coupe les vivres) pourtant, de nouveaux emplois « honorifiques » et très couteux sont donnés à des amis (et amies) politiques, dont l’action comme ambassadeurs itinérants ou thématiques est aussi floue que leurs missions, ou qui font fi des règles déontologiques s’imposant aux diplomates, en continuant de mener leur carrière politique nationale… »
Alors, action floue, emploi fictif, comité inutile et ruineux? Rien de trop beau pour les « élites ».
Et pendant ce temps…La Planète ?...Vous avez dit «Gouvernance »
Il paraît que « la sureté nucléaire » exige une « gouvernance mondiale » ?(5) On vient de voir que nos élites s’entrainent. Elles doivent comprendre de quoi il s’agit et être aptes à participer à cette « gouvernance », pilotée par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Conscients de leur incompétence sur ce sujet et de leur prétention patriotique dominatrice, les Etats Unis ont dit non.
Sauf à refuser de voir la réalité des dégâts présents et prévisibles causés par le nucléaire, ce « non » signifie que « gouverner » l’atome, c’est y renoncer. Il y a plus de 30 ans, après un référendum sur ce point, l’Autriche a renoncé. Pourtant, le politicien, chef du gouvernement autrichien (6) espérait bien « gouverner l’atome comme il gouvernait ses sujets. Les bâtiments de la gigantesque centrale atomique étaient déjà construits. Il ne manquait que les réacteurs. La population déjoua le projet malsain du Chancelier. Il ne la « représentait »pas, comme le disent aujourd’hui les « Indignés » espagnols et grecs, en parlant de leurs prétendus « représentants », chefs d’Etat, députés, et autres politiciens de métier. Aujourd’hui, en Autriche, cette centrale mort née se visite et se loue. Outre le tourisme, certains autrichiens imaginent d’en faire un « Musée de la mauvaise technologie », d’autres, d’utiliser la cuve de béton profonde de 40 mètres, comme cimetière et d’enterrer les cadavres non plus allongés mais debout.
Pendant ce temps, à Fukushima(7) la situation n’est pas « maitrisée », avec les conséquences qu’on constate et celles futures qu’on peut imaginer. Une autre centrale, Monju, située sur une zone sismique à cent kilomètres de Kyoto (1.500.000 habitants) touchée en Aout 2011 par la chute d’une grue dans le réacteur, est à l’arrêt malgré 24 tentatives de dépannage. En 1995, déjà frappée par « un des pires incidents de l’histoire du nucléaire », elle avait du s’arrêter pendant 15 ans.
Quant à la « Gouvernance » mondiale économique et financière, elle a tout d’une gouvernance atomique, aux mêmes effets mortifères. Pendant qu’un prix Nobel d’Economie (7bis) se voit contraint de renoncer à une fonction auprès de la Réserve Fédérale américaine, sous la pression des lobbies conservateurs, pour avoir émis l’idée de ralentir leurs appétits financiers, (on appelle ça la « régulation du capitalisme »), notre Chanoine président propose un « plan de régulation » des marchés agricoles et s’écrie : « …En adoptant ce plan, vous pouvez non seulement changer la vie d’un milliard de paysans, mais le cours même du capitalisme pour qu’il retrouve un sens » (sic). Dénué de sens, atteint par la folie de la démesure, le capitalisme peut il, même après quelques années passées à l’asile, recouvrer la santé ? Rien n’est moins sur. Un enseignant de l’Université d’Heidelberg (8)) en Allemagne distingue la richesse d’un pays de la prospérité et du bien être de ses habitants. Comme Elysée Reclus, géographe anarchiste, il considère que ce qu’on appelle le PIB (produit intérieur brut) n’est pas un indicateur fiable. En effet cet indicateur néglige deux facteurs fondamentaux dans la détermination de la prospérité d’un pays : d’une part la répartition de cette richesse, d’autre part les aléas et les dangers d’une richesse fondée pour l’essentiel sur le commerce international, au détriment de l’autonomie et des capacités propres au pays concerné. Enfin, la prospérité de l’un ne se fait elle pas au détriment de l’autre ? Le désordre économique et financier créé par une mondialisation destructrice des autonomies et des cultures, au profit d’une forme de « totalitarisme » écrasant les différences et les particularités, ignorant les « contraires », peut toucher les plus riches. Pour un ancien représentant de la FED(9) des Etats Unis, les crises financières qui bouleversent les Etats européens sont « lourdes de danger » pour son Pays. De même, pour le « Wall Street journal », les plans de sauvetage (Grèce, Espagne et autres) mis en place par l’Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne ne sont que « des mécanismes destinés à repousser la date des comptes ». Ces avisés Cassandre, veulent ils dire, à propos du capitalisme, que son « compte » est bon ?
AZ le 27 06 2011
Les « Elites » : 1. Bougrab, jeannette 2. Besson, Luc 3. Ferry, Luc
4. Collectif « Théodule ». Face au poujadisme intellectuel…Le Monde 22 juin 2011
4bis. Groupe Marly. La diplomatie française…un château de sable. Le Monde 24 06
5. Après Fukushima…, Le Monde 22 juin 2011
6. Le socialiste Kreisky
7. Le rejet du nucléaire… Le Monde 21 juin 2011
7bis. Prix Nobel incompétent ? Le Monde 22 juin 2011
8. Un pays moins prospère…Le Monde 21 juin 2011-06-26 9
9. Un défaut inéluctable… Le Monde 22 juin 2011